« Roues libres » de Attila Till

Roues libres, de Attila Till
sort en salles le 15 février 2017, en VOST.

(Hongrie, 2016, durée : 1h45)
Avec : Zoltán Fenyvesi, Szabolcs Thuróczy, Adam Fekete.

Il s’agit d’un thriller haletant, distribuĂ© en France par Pretty Pictures. L’ADAPT a choisi de le soutenir en produisant l’audiodescription.

Résumé : Zolika, tout juste 20 ans, passionné de dessin et de bande dessinée, a une malformation évolutive et vit en fauteuil depuis petit. Pensionnaire d’un immense centre de rééducation, il partage avec son ami Barba, IMC, sa chambre et cette passion pour les récits en image. Zolika traverse une phase de découragement et hésite à subir une nouvelle opération pourtant incontournable. La rencontre de Rupaszov, ancien pompier, en fauteuil roulant suite à un accident de travail, cynique et alcoolique, va transformer la vie des deux garçons : ils se trouvent entraînés dans des aventures illégales et improbables, où le handicap sert de couverture…

image du film Roues libres

Prix : Prix de la Critique française, Prix du Public, Prix Regards Jeunes, Coup de Coeur du Jury au Arras Film Festival. Alexandre d’Or au Festival International du Film de Thessalonique.

L’AVIS du GROUPE DE VISIONNAGE

Pourquoi ce film ?

Nous avons Ă©tĂ© contactĂ©s par Pretty Pictures pour parler de Roues libres dans le cadre de notre groupe de visionnage avant sa sortie nationale. Le film collectionne les prix et depuis que nous l’avons vu, c’est aussi le coup de coeur de certains membres du groupe de visionnage et de notre équipe prod.

Il nous semble évident que ce film devrait être distribué dans de nombreuses salles accessibles aux personnes en fauteuil roulant et nous espérons que de nombreux exploitants joueront le jeu.

Il s’agit en effet d’une oeuvre hautement distrayante, visant un public de jeunes adultes, mais qui ouvre aussi une rĂ©flexion plus profonde sur le rapport au corps, au danger et à la crĂ©ation. Les rĂ´les de Barba et de Zolika ont Ă©tĂ© confiĂ©s à des acteurs non professionnels eux-mĂŞmes en situation de handicap que l’on espère revoir au cinĂ©ma tant ils sont convaincants.

Enfin, parallèlement aux échanges menĂ©s au sein de notre groupe, dont nous restituons quelques points ci-dessous, Retour d’image a conseillĂ©  l’ADAPT qui va le programmer dans le cadre de son Ă©vènement annuel « Ouverture de champ ». Nous sommes heureux que Roues libres, bien que distribuĂ© en version originale sous-titrĂ©e, dispose aussi de copies audiodĂ©crites, donc adaptĂ©es pour tous les publics.

Sur le sujet :

« L’histoire de gangsters mise en valeur par le distributeur français de Roues libres n’est qu’un fil de l’Ă©cheveau Ă©pais de l’intrigue, qui mĂŞle subtilement diverses problĂ©matiques, faisant de ce film riche un cocktail dĂ©tonant d’humour noir, d’Ă©motions et de tendresse ».

(Soline Vennetier)

« Roues libres m’a Ă©voquĂ© The Tribe, autre film de l’Est tournĂ© dans une institution, dont nous avons discutĂ© dans ce groupe. Ces deux films sont des thrillers basĂ©s sur l’idĂ©e d’une proximitĂ© des personnes isolĂ©es par leur handicap avec la mafia, dont elles peuvent ĂŞtre des collaborateurs ou des victimes. Les deux films mettent en scène de la violence Ă  haute dose. Toutefois la comparaison s’arrĂŞte lĂ . Roues libres est bien davantage un film sur l’art et la vie et ses personnages principaux, contrairement à The Tribe, sont très attachants. »

(Diane Maroger)

Sur la mise en scène et les décors :

« On suit donc deux jeunes hommes pensionnaires dans une immense institution pour «handicapés » d’un pays de l’ex-bloc de l’Est, la Hongrie, pour une prise en charge de leur réadaptation physique et leur suivi orthopédique. Ces jeunes ont aussi des activités annexes : ils participent à des ateliers de technologie et d’art que l’on voit un peu. Le décor filmé en plans larges assez magnifiques, le contexte des salles de rééducation qui deviennent parfois un vrai théâtre, les relations avec les kinés ainsi que les choix médicaux que les deux jeunes hommes et le 3eme personnage principal du film, Rupaszov, doivent faire sont des aspects dramaturgiques aussi importants que « l’histoire de tueur » qui paraît, à première vue, être la colonne vertébrale narrative du récit.

A mon sens l’histoire, pour ĂŞtre apprĂ©ciĂ©e dans son originalitĂ© est Ă  regarder sous cet angle. Roues libres est bien un thriller rythmĂ© de temps forts en suspense, mais c’est un thriller Ă©motionnel et artistique qui effectue des va et vient entre l’imaginaire et le rĂ©el.

Les paysages post-industriels oĂą se dĂ©roulent les scènes d’action, elles aussi remarquablement filmĂ©es — l’ensemble est un ballet des corps—, dressent le portrait en creux d’une Hongrie en pleine mutation oĂą ĂŞtre handicapĂ© ne signifie pas rester immobile et enfermĂ© dans l’inaccessibilitĂ© ou des prĂ©jugĂ©s ».

(Diane Maroger)

« Cela a du charme, il y a des moments assez drĂ´les, des scènes qui sont vraiment bien vues et en deviennent des scènes de comĂ©die. Ceci à cĂ´tĂ© de quelque chose de plus dur sur les conditions physiques dues au handicap.  Par exemple dans une sĂ©quence, Rupaszov doit impĂ©rativement fuir d’une scène de crime et ne peut pas parce qu’il est en fauteuil roulant et n’arrive pas a ouvrir la grille d’une propriĂ©té hautement sĂ©curisĂ©e… Il doit appeler ses amis qui n’arrivent pas à le faire entrer dans la voiture : c’est comme si le film de gangsters Ă©tait empĂŞchĂ© par leur handicap. C’est un des moments de suspense que j’ai beaucoup aimĂ©s. Un rythme Ă©tonnant s’insinue alors dans le film, qui joue avec les codes du genre en utilisant la diffĂ©rence des personnages.

Je trouve que c’est un film singulier qui mĂ©rite d’entrer dans le catalogue mĂŞme si je n’adhère pas à tout, car il est plaisant et drĂ´le. »

(Anna Marmiesse)

Sur le traitement du handicap :

« Un point fort de ce film est son approche complètement décomplexée. On voit les corps des protagonistes et leurs singularités. On les voit se faire manipuler par les kinés, on les voit aussi effectuer les gestes du quotidien (se hisser sur un fauteuil, utiliser un lève personne pour basculer dans son le lit, marcher de guingois, agripper ses jambes pour retirer ses chaussures…) sans voyeurisme ni distance bien-pensante. La présence de ces corps fait partie de la norme du film.

On voit aussi que le handicap n’exclut pas une grande vitalitĂ© qui peut approcher le drĂ´latique – ainsi, le film dĂ©bute par une jouissive scène de bagarre dans le rĂ©fectoire de l’institution, avec les tables qui valsent dans tous les sens et les fauteuils roulants qui basculent par-dessus bord, avant que le principal fautif ne soit expulsĂ©, traĂ®nĂ© par terre par deux employĂ©s. Un certain nombre de scènes touchent juste, prenant un recul amusĂ© sur les petits tracas quotidiens que peut induire une condition invalidante : lorsque Zolika et son ami Barba tentent de se servir un en-cas au distributeur… Les tremblements incontrĂ´lables du comparse et le manque de monnaie occasionnent quelques imprĂ©vus !

La mise en rapport de Zolika et Rupaszov, l’ancien pompier en fauteuil depuis 3 ans, souligne diffĂ©rentes approches de la paraplĂ©gie. Tandis que le jeune connaĂ®t cela depuis sa naissance, l’adulte doit encore apprivoiser ce nouvel Ă©tat. Le premier n’espère pas marcher un jour mais manie son corps et le fauteuil Ă  sa guise tandis que le second jure mordicus qu’il remarchera et quittera cette institution de fatalistes mous.

Cette confrontation est orchestrĂ©e lors de scènes croustillantes, qui ne prennent pas de gants avec les protagonistes. Rupaszov assène Ă  Zolika sa supĂ©rioritĂ© physique en luttant avec lui et en renversant son fauteuil dès leur rencontre ; Zolika prend sa revanche quelques scènes plus tard en narguant un Rupaszov Ă  terre et en lui faisant comprendre que malgrĂ© sa volontĂ©, il est bien incapable de marcher seul et doit accepter cet Ă©tat de fait. Entre les deux, au-delĂ  de la confrontation, se tisse petit-Ă -petit une relation de type père-fils, et l’histoire est aussi l’histoire de la manière dont Ruspaszov accepte progressivement son nouvel Ă©tat, guidĂ© qu’il est sur ce chemin par Zolika. Ce qui est d’autant plus Ă©mouvant lorsqu’on connaĂ®t le fond de l’intrigue, que nous ne dĂ©voilerons pas ici. »

(Soline Vennetier)

« J’ai Ă©tĂ© particulièrement touchĂ©e par le fait que Zolika, au beau milieu de cette institution qui  pourrait sans cela être terriblement froide, dessine merveilleusement bien. Cela me rappelle ma jeunesse car je dessinais beaucoup durant les pĂ©riodes d’immobilisation, notamment dans les centres de rĂ©Ă©ducation. Dans ces centres on cĂ´toie aussi des gens cassĂ©s par des accidents parfois dus Ă  des incidents violents.

Les dialogues et les situations sont riches, ancrés dans un vécu que le réalisateur a su tirer de ses principaux interprètes, par ailleurs plutôt bons comédiens. Le dossier de presse nous dit que Zoltán Fenyvesi, qui incarne Zolika, a livré une grande part de sa propre histoire à Attila Till à l’étape du scénario et cela ne me surprend pas. Je l’aurais su sans le dossier de presse : récit d’initiation sur la vulnérabilité, interrogation sur être debout, dialogues impayables sur l’idée de re-marcher / refus d’être opéré / désirs d’autodestruction / manières extrêmes de se risquer… Il n’y a rien de vain dans ce film, même si la violence à première vue va choquer. La mise en scène qui est largement à la hauteur du scénario, concourt finalement à nous donner quelque chose d’à la fois ludique et de plus profond. »

(Diane Maroger)

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19567513&cfilm=246940.html

Infos pratiques :

Sortie nationale le 15 février 2017 en VOST.

La copie contient une audio description avec voice over sur les dialogues hongrois rĂ©alisĂ©e par Hiventy. Elle sera disponible en casques durant les sĂ©ances organisĂ©es par l’ADAPT. Pour en faire la demande au distributeur contacter Pretty Pictures

Visionner la bande annonce

Lien vers la page Facebook du film

Lien vers la page de la prochaine Ă©dition de Ouverture de Champ, organisĂ©e par l’ADAPT

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