« Dernières nouvelles du cosmos » de Julie Bertucelli en DVD
Dernières nouvelles du cosmos, de Julie Bertucelli,
documentaire français. Durée 1h25.
Avec dans leurs propres rôles Hélène Nicolas dite Babouillec, Pierre Meunier, Véronique Truffert…
Production : Les films du Poisson en co-production avec Ucelli production et Arte France. Distribution et ventes cinéma : Pyramide. Editeur du DVD : Pyramide DVD.
Résumé : A bientôt 30 ans, Hélène a toujours l’air d’une adolescente. Elle est l’auteure de textes puissants et physiques, à l’humour corrosif. Elle fait partie comme elle dit d’un « lot mal calibré, ne rentrant nulle part ». Visionnaire, sa poésie télépathe pense loin et profond, elle nous parle de son monde et du nôtre. Elle accompagne un metteur en scène qui adapte son œuvre, dialogue avec un mathématicien…
Pourtant Hélène ne peut pas parler ou tenir un stylo et n’a jamais appris à lire ni à écrire. C’est à ses 20 ans que sa mère découvre qu’elle peut communiquer en agençant des lettres plastifiées sur une feuille de papier. Un des nombreux mystères de celle qui se surnomme et est publiée sous le nom de Babouillec…
Prix : Nommé pour le César 2017, catégorie meilleur documentaire ; Prix du public aux 21èmes rencontres du cinéma documentaire.
L’AVIS du GROUPE DE VISIONNAGE :
Pourquoi ce film ?
Nous recevons de nombreux films à visionner traitant de l’autisme mais ils font rarement oeuvre. Dernières nouvelles du cosmos entre indéniablement au catalogue de Retour d’image parce que son personnage et sa forme nous accompagneront longtemps.
La réalisatrice, avec ce film, fait jaillir des questionnements profonds sur les capacités insoupçonnées du cerveau humain.
Sur le sujet :
« Un très beau film, au sujet vraiment incroyable. Le film observe sans chercher à avoir des explications. Il est d’autant plus beau qu’il reste très mystérieux. Beaucoup de choses nous restent inaccessibles ou incompréhensibles, y compris l’héroïne elle-même, Babouillec ».
(Anna Marmiesse)
« Pour moi, c’est un film sur la poésie : la poésie des mots, à laquelle rend hommage le procédé qui consiste à faire apparaître les caractères d’alphabet en surimpression de l’image et à les fixer quelques secondes sous nos yeux, paroles suspendues et silencieuses de Babouillec ; la poésie d’une personne si singulière ; la poésie des relations entre Babouillec et sa mère qui nous donne avec générosité et pudeur accès à l’histoire et au fonctionnement de sa fille et avec le metteur en scène qui accompagne avec attention dans son cheminement ; la poésie qui se faufile depuis les carnets de textes de Babouillec jusqu’à la pièce de théâtre qui en est l’adaptation – créations dans la création cinématographique de ce documentaire. »
(Soline Vennetier)
Sur les personnages :
« Il y a une dimension tragique dans le film : le fait que l’intériorité d’Hélène nous reste inaccessible. C’est cela qui m’a émue. Dans une séquence de conversation avec un mathématicien, celui-ci semble bouleversé. Je trouve que les moments où elle est simplement filmée dans ses instants de désœuvrement ou dans son quotidien nous disent paradoxalement moins de choses sur elle que d’écouter sa mère parler et nous expliquer, car c’est elle qui fait le lien entre sa fille et le monde extérieur. Cette mère est un très beau personnage, qui lui aussi reste mystérieux, on n’a pas de détails sur sa vie, son quotidien, mais là encore c’est plutôt un aspect intéressant du projet. On sort du film avec l’envie d’en savoir plus.
Un film à entrer au catalogue de Retour d’image et à montrer dans les années à venir. »
(Anna Marmiesse)
« Ce portrait – la solaire Babouillec au centre, sa mère et l’entourage gravitant autour – réalisé avec une grande humanité, mérite d’être connu et reconnu, tant il invite à la réflexion sur la singularité et la communication. Il nous amène à – presque – effleurer le monde avec les yeux cosmiques de Babouillec.
C’est un film singulier, à la mesure de son personnage Hélène-Babouillec à la poésie rare et déstabilisante. Parvient-on à approcher l’intériorité de cette jeune femme autiste ? Sans doute non. Mais si nous acceptons de faire un pas de côté, de quitter les rivages connus pour approcher ses étoiles et son « cosmos », nous pouvons partiellement cerner sa façon d’être en relation aux autres et aux choses. C’est ce que me semble montrer la scène dans laquelle la cinéaste Julie Bertucelli, qui filme seule caméra à l’épaule, demande à Hélène dont elle voit le trouble – sur lequel aucun mot n’est posé – si celle-ci souhaite arrêter la prise de vue. Des petits carrés d’alphabet de Babouillec apparaît alors, au contraire, la révélation de son plaisir à se découvrir si « filmo-magnétique ». Hélène semble parfaitement comprendre ce qui se passe autour d’elle mais être à des lieues de cette agitation et c’est plutôt nous qui avons du mal à accéder à elle, à sa pensée et à ses mots fulgurants. Sauf peut-être quelques rares personnes, comme ce mathématicien qui me semble ému de réaliser à quel point le langage mathématique peut être proche de la pensée de Babouillec. »
(Soline Vennetier)
Sur la mise en scène :
« Julie Bertucelli nous attache à son héroïne car elle la filme simplement, une année durant, caméra à l’épaule. Son principal projet est de nous introduire à l’insondable mystère de la création qui l’a frappé dès ses premières rencontres avec Babouillec. Elle a choisi pour fil conducteur narratif de montrer une oeuvre en train de se construire à plusieurs, avec Hélène. Nous assistons en effet chronologiquement à l’adaptation pour le théâtre de textes de Babouillec lors de dialogues filmés avec le metteur en scène, jusqu’à une représentation à Avignon et aux retours des spectateurs.
Mais le film dresse aussi en parallèle, de manière à mon avis plus intéressante, l’émouvant portrait au quotidien d’une mère avec sa fille autiste. Dans ce « couple » où petit à petit, est née la (re)découverte d’un langage partageable à l’aide d’un alphabet en pièces détachées, la solitude d’Hélène a aussi toute sa place ».
(Diane Maroger)
Sur la représentation de l’autisme :
« Un savant dosage au montage, fait qu’on n’élude pas la crise, en particulier lors d’une scène de souffrance où Hélène est prise dans un maelström de sensations et perceptions impossibles à communiquer. Toutefois de tels moments sont le plus souvent maintenus hors champs — évoqués par sa mère comme ayant lieu—, au profit de tout ce qui enrichit durant les 1h25 du film, les rapports entre Hélène et les personnes qui l’entourent, pour mieux nous donner accès à sa pensée et à sa poésie.
Je trouve magnifique qu’Hélène se définisse comme « filmo-magnétique», ne cachant pas qu’elle jouit d’être suivie et filmée en permanence par Julie Bertucelli. De fait, la caméra de Bertucelli parvient souvent à capter d’elle l’image une jeune fille attrayante aux joues rebondies, au teint frais. Or Hélène est inconsciente voire insensible à son image extérieure — trois séquences successives, tournées au cours d’un diner et après celui-ci, nous la montrent les joues encore maculées de traces d’aliments. Nous voyons qu’elle vit des sensations corporelles désynchronisées par rapport à celles de tout un chacun et nous apprenons par sa mère qu’elle n’avait pas, jusqu’à 20 ans, la sensation d’avoir des jambes et ses pieds. Un des exploits du film est à mon sens que malgré cela, ou avec cela, Hélène «apprivoise » le spectateur et le charme autant que le ferait une actrice. Non seulement par le mystère de sa poésie, mais aussi par sa ciné-génie. »
(Diane Maroger)
Informations pratiques
Supports de diffusion :
Sortie en salles le 9 novembre 2016, la copie numérique distribuée au cinéma contient l’audio description et le sous-titrage VFST (sourds et malentendants).
Le coffret DVD avec les adaptations est édité par Pyramide DVD. Il contient un livret Babouillec — Julie Bertuccelli. En vente depuis le 9 mars 2017 (environ 19,99 €).
Retrouvez l’actualité du film sur son blog
Les séances sont annoncées sur Allo-ciné sans informations sur l’accessibilité.
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