Retour de séances : Cycle Sport & Handicap
Dans le cadre de son cycle Sport et Handicap, Retour d’image organisait, au mois de juin 2024, trois rencontres de cinéma inclusives. L’association y présentait deux films de son catalogue : L’œil du tigre (Raphaël Pfeiffer, 2018), qui fut projeté dans les cinémas Le Capitole de Suresnes (92) et Le Trianon de Romainville (93), et La vie acrobate (Coline Confort, 2023) dont la projection a eu lieu au cinéma Le Méliès de Montreuil (93).
Afin que tous les spectateurs puissent participer à ces séances, les films étaient présentés en versions adaptées, avec audiodescription et sous-titrage sourd et malentendant. Les échanges étaient traduits en langue des signes, et transcrits à l’écran par vélotypie.
Ces séances ont été l’occasion d’échanger avec nos invités : la réalisatrice Coline Confort pour La vie acrobate, Valentine Duquesne, chargée de recherches au Comité Paralympique et Sportif Français, ainsi qu’Olivier Planche, Directeur technique du club de Viet Vo Dao de la ville de Suresnes. Des rencontres animés par nos intervenants Marie-Pierre Warnault et Stéphane Rastello.
En suivant le quotidien de Laurence et de Silke, deux sportives en situation de handicap, les films présentés ont suscité de nombreuses réactions et réflexions chez spectateurs, sur le rôle du sport pour une personne handicapée, sur les questions d’identité, de dépassement de soi, de validisme, d’inclusion, ou encore de parentalité…
Quelques extraits de nos rencontres :
Paroles des spectateurs et intervenants sur L’Œil du tigre
« Ce film, c’est un documentaire avec un regard très intéressant sur la construction de l’identité : se construire une identité en tant que personne qui pratique une activité sportive, et en tant que mère de famille qui a envie d’avoir une vie sociale, de garder sa vie à elle. Je l’ai trouvé en ce sens très complet. »
« Il y a un aspect aussi que le film montre, c’est dans la vie de famille, la façon dont le handicap, enfin l’attitude de la mère et son handicap, est parfois perçu comme un poids pour l’un de ses fils. […] On demande à nos enfants de contribuer. Ça les construit aussi, on est dans l’entraide. »
« C’est un magnifique objet de cinéma ce film. C’est un documentaire, mais je trouve qu’il est un peu construit comme une fiction. On va suivre pas à pas cette femme qui va avoir des échecs et qui va continuer. Elle n’est pas la sportive idéale, elle boit, elle fume. Elle danse, elle a sa vie, son handicap est là et il fait partie de sa vie. Elle est dans son sport, dans sa vie de famille. C’est tout ça qui fait qu’on est séduit par ce film. »
« Ce que j’ai trouvé incroyable, c’est qu’avec son handicap elle accède à la pratique sportive. Avant, elle ne pouvait pas, elle ne s’autorisait pas. Et tout à coup, ça révèle quelque chose pour elle. »
« Ne pas distinguer les jeux olympiques des jeux paralympiques, ce serait l’idéal en termes d’inclusion. […] Quand on a interrogé les personnes du monde paralympique en France, beaucoup de personnes ont répondu qu’il n’y avait pas suffisamment de médiatisation du parasport, et que le moment des jeux paralympiques était justement un moyen pour que ces sportifs soient reconnus médiatiquement. »
Paroles de Coline Confort, réalisatrice, sur son film La vie acrobate
« La théorie en documentaire, c’est qu’on n’est jamais là quand il faut. Du coup, on s’organise. Pour La vie acrobate, on filmait des premières fois. C’est Silke qui nous téléphonait pour nous dire que ce qui se passait était important. C’était une communication constante entre elle et moi. Le film est une chronique. Il y a des événements, on sait à l’avance qu’on va y être, par exemple la course au Portugal. Vous avez des moments qu’on appelle du cinéma direct, où vous filmez ce qui se passe sans intervenir, et d’autres où il y a des scènes plus libres, qui sont aussi du cinéma de création. Avec l’utilisation de la voix off par exemple. »
« J’ai eu la chance de découvrir tout cela à travers Silke, à travers son regard et la confiance qu’elle m’a donnée pour partager toute son intimité, même au-delà de la caméra. Pour moi, il y a vraiment cette question du validisme qui se pose dans le film […] C’était important de pouvoir toujours avoir la caméra dans son regard. Si on parle de mise en scène, il y a même quelques contre-plongées, ce qui est rare pour filmer des personnes qui sont constamment assises. »
« La question médicale est abordée dans ce qui est nécessaire que le spectateur sache, sans entrer dans le voyeurisme. Ça ne m’intéressait pas tellement. Pour autant, je pense quand même que l’on ressent assez bien qu’elle a un corps vulnérable, qui la fait souffrir. Et ça, je pense qu’elle le transmet au début du film, d’où la nécessité de remplacer ensuite ces douleurs par des douleurs qu’elle choisit, comme les courbatures. »
Retour d’image remercie l’ensemble des intervenants et invités qui ont contribué à la réussite de ces séances. Nous remercions également nos partenaires : la Matmut pour les arts, l’UNADEV, les cinémas Le Capitole de Suresnes, Le Trianon de Romainville, Le Méliès de Montreuil, La Ville de Suresnes, l’ACRIF et l’Association Cécile Sala.