Retour de séance :
La beauté du geste

Publié le 25/10/2023

Le 20 octobre, à 20h, Retour d’image intervenait dans le cadre d’une nouvelle séance autour du film de Shô Miyake, LA BEAUTÉ DU GESTE, organisée avec le cinéma Jacques Prévert d’Aulnay-sous-Bois (93).


Photo : Devant le premier rang, Sébastien Picout, intervenant de Retour d’image. À sa droite, une spectatrice pose une question en langue des signes. Les échanges sont transcrits à l’écran, au-dessus des intervenants.

La projection a accueilli une cinquantaine de spectateurs, dont une grande partie de personnes sourdes ou malentendantes.
Animé par Sébastien Picout, l’échange qui a suivi la projection a permis aux spectateurs de partager leurs avis. Notre intervenant a répondu aux questions avec de nombreuses informations sur le film.

Extraits de la rencontre :

« Pourquoi la surdité et pourquoi la boxe ?  Pourquoi ce lien dans ce film ? J’ai peut-être une explication. Par exemple, moi qui suis sourd à 80 %, ça ne se voit pas. J’ai une capacité à m’exprimer. Mais depuis que je suis sourd, je suis devenu un peu impulsif. Comme je suis tout le temps dans le silence, j’ai besoin d’extérioriser ce que je pense. Parfois, ça sort, mais avec du bruit, avec des gestes, ça peut sortir de n’importe quelle manière en fait. Je peux comprendre les sourds de naissance, ça doit être amplifié encore plus. Et ce film montre que le sport, la boxe en l’occurrence, peut être une solution. »

« Il y a une séquence d’interview, où j’ai été surpris que ça soit le coach, l’homme, qui soit interrogé à la place de la boxeuse. Il y a un côté passer devant la personne concernée. Quand on le questionne sur le handicap de Keiko (la jeune boxeuse), il a une réponse particulière. Il dit :  c’est vrai, elle n’entend pas le gong, quand on lui demande d’arrêter elle continue les coups, etc. Elle prend des risques. Mais il précise aussi que ce n’est pas un problème pour elle. Que cela prend plus de temps, mais que ce n’est pas une difficulté. Cette question du jugement que l’on porte sur les personnes sourdes me semble importante. »

« On voit le personnage principale dans des situations de stress, le manque de regard, le travail. On imagine que seule, elle perçoit les autres passer à côté d’elle, qu’elle a des idées sur ce qui se dit qu’elle. Le fait qu’elle puisse utiliser la boxe comme une communication collaborative, qui est aussi un jeu ; le fait qu’on lui fasse confiance aussi, il y a un collectif dans le club, et puis évidemment le geste, le fait de s’exprimer à travers le mouvement, c’est une forme de thérapie pour ce personnage finalement. »

« Il n’est plus question de handicap, il est question du talent de Keiko et de sa compétence. Dans la société, aujourd’hui, on nous regarde parfois « à travers l’oreille ». Faire de la boxe pour un sourd ?  Impossible, jamais. Ce film montre un autre aspect de la surdité. »

« La Beauté du geste fait partie de ces films qui mêlent fiction et documentaire. Il n’y a pas de musique, le film s’attarde sur le quotidien des personnages ; il est adapté d’une autobiographie, mais monté comme une fiction. C’est très étonnant. »

Le film était projeté en version originale sous-titrée SME.
La rencontre était traduite en langue des signes et transcrite en direct par vélotypie.

Pour programmer le film avec le sous-titrage adapté dans votre cinéma, contactez Art House Films.

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