Freaks

Photo du film Freaks

(La monstrueuse parade)

1932

Réalisation : Tod Browning
Fiction, Etats-Unis, noir et blanc ; 64 min.

Avec : Harry Earles (Hans), Daisy Earles (Frieda), Daisy et Violet Hilton (Daisy et Violet), Johnny Eck (Demi-Boy), Schlitze Surtees (Tête d’épingle), Prince Randian (Le torse vivant), Olga Baclanova (Cléopâtre)

Genre : Film choral

L'histoire

Au sein d’un cirque, Hans, lilliputien et héritier d’une fortune importante, est séduit par la belle trapéziste Cléopâtre. Lorsqu’il l’épouse, les autres membres de la troupe, travaillant en exhibant leurs difformités, vont mettre Cléopâtre à l’épreuve et découvrir ses véritables intentions…

Impact

Freaks est estampillé “horrifique” ou “épouvante” par son distributeur (la MGM). Les acteurs sont eux-mêmes en situation de handicap. Cela a d’ailleurs suscité une controverse, les cantines des studios de tournage refusant de les laisser déjeuner avec les autres équipes de films. A sa sortie, la fin du film est jugée trop terrifiante par le public. Elle est remontée à maintes reprises. Censuré, le film est notamment interdit en Grande Bretagne pendant 30 ans, puis tombe dans l’oubli. Freaks réapparaît au milieu des années 1960, projeté aux séances de minuit où il acquiert le statut d’œuvre culte.

Éclairages

Ayant lui-même dirigé un cirque, Tod Browning dépeint un univers qui lui est familier. Il met également en scène des personnages atteints d’infirmités dans L’inconnu (1927), The Blackbird (1926), et The Penalty (1920) ou encore Le Club des Trois (1925) qui suit un trio d’escrocs handicapés. Ces films s’inscrivent dans le même courant de “films de vengeance” que Freaks. De nombreux acteurs en situation de handicap y trouvent des rôles.

Freaks se rapproche davantage du drame social que de l’horreur par sa représentation des activités ordinaires des travailleurs d’un cirque dans leur quotidien et sa façon d’aborder simplement leur vie privée : la femme à barbe accouche, l’une des sœurs siamoises se marie, etc. D’un point de vue anti-validiste La force des freaks réside dans leur communauté : c’est un groupe uni et solidaire. Freaks met en scène des personnages qui revendiquent leur “monstruosité ». La narration s’éloigne de l’image compatissante mainstream d’aujourd’hui souligne Maya Legrain1.

Parentés thématiques

L’esthétique et la thématique des monstrations de foire a été reprise dans des oeuvres plus récentes : Big Fish de Tim Burton (2003) ; Fur : An Imaginary Portrait of Diane Arbus (2006) de Steven Shainberg et la saison 4 d’American Horror Story (2014) avec l’acteur britannique Mat Fraser – également auteur d’une pièce de théâtre sur l’univers des freak shows. En France, Philippe Bassarat a rendu hommage à Freaks et aux personnes hors normes dans son long métrage en noir et blanc Indésirables en 2013.

Autrices : Maya Legrain et Diane Maroger

  1. Étudiante en cinéma, membre du collectif Les Dévalideuses.

Newsletter

L’actualité mensuelle de Retour d’image et de ses partenaires : évènements, films, festivals, créations et entretiens.