Charte de Retour d’image
Au delà de la déficience, la notion de handicap est relative aux représentations qu’on en fait, et donc à la culture dans laquelle on se trouve.
Le cinéma est la forme d’expression culturelle la plus propice à la projection et à l’identification. Les images de personnages handicapés, les paroles et les comportements de l’entourage de celles-ci que le cinéma nous renvoie nous touchent particulièrement si nous sommes aussi porteurs d’un handicap.
Il n’est pas étonnant que depuis une dizaine d’années, de plus en plus d’auteurs, d’acteurs et de metteurs en scène handicapés impriment sur la pellicule ou en vidéo leur propre vision ou vécu singulier. Car le cinéma n’est pas seulement un reflet : il a le pouvoir de transformer notre regard.
Charte de l’association
- Retour d’Image est une association apolitique, sans appartenance communautaire ni obédience religieuse.
- L’objectif principal de Retour d’Image est de développer une réflexion collective sur les enjeux de la représentation des personnes en situation de handicap, à travers un choix d’œuvres cinématographiques figurant un ou des personnages handicapés. Un festival biennal et des séances ponctuelles accompagnées de débats sont organisés pour cela.
- L’objectif secondaire de l’association est de soutenir la création et la diffusion de courts métrages (ou d’œuvres multimédia) adoptant un point de vue original, réalisées par des personnes handicapées notamment (1).
- Le choix des films programmés en salles par Retour d’Image s’effectue avant tout en fonction de leurs qualités cinématographiques. Des programmes télévisuels (séries, téléfilms ou reportages) peuvent exceptionnellement être examinés à l’occasion de débats thématiques, s’ils ont une réelle portée sociologique.
- Retour d’Image part du principe selon lequel la situation de handicap est toujours relative à un contexte social et culturel, liée à des facteurs environnementaux et comportementaux. En conséquence, Retour d’Image ne se produit que dans les salles ou locaux accessibles aux personnes à mobilité réduite et met systématiquement en œuvre des mesures d’accessibilité des films et des débats : audiodescriptions (2), sous-titrages, traduction des débats en langues des signes. Seules les séances sur pré-inscription, dans lesquelles aucun spectateur sourd ou malvoyant n’est attendu, pourront faire l’économie d’une ou de plusieurs de ces mesures.
- Retour d’Image part du principe selon lequel étant en situation de handicap de longue date on acquiert une culture spécifique(3). L’association donne les moyens aux personnes concernées de s’exprimer sur les effets handicapants des représentations culturelles dominantes et de contribuer à l’enrichissement culturel de tous. Le sens de l’intitulé Retour d’Image tient dans la valorisation du regard de personnes handicapées (spectateurs ou animateurs) sur des images les concernant, proposées par le cinéma. Les débats qui suivent les projections sont l’occasion de partager ce regard et débattre avec un public moins averti comme avec des personnes connaissant des handicaps différents.
- Les débats sont animés par deux personnes, dont un analyste de cinéma professionnel et un animateur handicapé, professionnel de l’audiovisuel (réalisateur, auteur, acteur ou journaliste) ou compétent dans un domaine lié à la problématique du film. Lorsqu’un réalisateur est invité pour présenter son film, un seul animateur peut se charger d’un débat.
- Les animateurs recrutés par Retour d’Image participent à des séances internes d’analyse de film, permettant de dégager des axes de débat pertinents, tant sur le traitement cinématographique que sur la représentation du handicap.
- Le principe des débats et des ateliers mis en place par Retour d’Image, est de ne pas focaliser le propos sur la déficience en tant que telle. Les adaptations sont le moyen de mettre les spectateurs sur un pied d’égalité devant l’objet ou l’activité filmique, mais ne sont pas une fin en soi. Ainsi, les débats de Retour d’Image tentent de cerner la représentation d’un personnage ou d’une situation dans sa globalité, en tenant compte du contexte (genre de film, type de récit, dimension historique, sociologique, géographique) dans le cadre duquel l’auteur ou un interprète a travaillé.
- Pour les séances scolaires la rencontre entre jeunes spectateurs valides et jeunes spectateurs ayant un handicap est privilégiée.
- Retour d’Image produit des outils de communication : dossiers de presse, communiqués, documents pédagogiques, dépliants. Ces documents sont disponibles sur le site internet de l’association ou par courrier sur demande, afin de permettre aux organismes de diffusion partenaires d’annoncer les films programmés, le principe et le but des débats, ainsi que les mesures d’accessibilité disponibles pour chaque séance.
- Retour d’Image demande aux directeurs des salles de cinéma partenaires de sa programmation de s’engager à diffuser l’information de ses séances dans leurs publications habituelles (internes et externes), afin de toucher tous les publics. Il est entendu que les salles diffusant les séances de Retour d’Image incluront l’information sur celles-ci dans la presse locale chargée d’annoncer leur programmation, au même titre que les autres séances qu’elles présentent.
- Afin d’encourager les journalistes et responsables éditoriaux d’organismes partenaires à ne pas définir les personnes handicapées par leurs déficiences, les auteurs des documents édités par Retour d’Image sont attentifs aux termes employés dans leurs communiqués sur les films, les membres de l’équipe concernés par le handicap et les moyens d’accessibilité mis en œuvre. Dans un effort de sensibilisation à une plus juste représentation des personnes handicapées, Retour d’Image demande à ses partenaires de respecter autant que possible ces termes ou de consulter le chargé de communication de l’association si des modifications sont nécessaires.
(1) Organisation occasionnelle d’ateliers de réalisation, sélection et diffusion dans le festival.
(2) L’audiodescription est un pratique qui permet de rendre accessible une œuvre cinématographique ou théâtrale à un public aveugle ou malvoyant. Il s’agit de transmettre les éléments visuels qui sont importants, sur le plan narratif, émotionnel et esthétique, et que la bande-son de l’œuvre ne permet pas de percevoir. Ce texte, écrit par un auteur, en collaboration avec un professionnel aveugle, est interprété en voix off et s’intercale précisément entre les dialogues et les éléments sonores déterminants du film. Diffusée dans des casques, l’audiodescription est inaudible aux autres spectateurs.
(3) Ensemble de connaissances acquises qui permettent de développer le sens critique, le goût, le jugement ou un langage spécifique.