Retour de séance : « Sound of Metal »

Le mercredi 30 novembre se tenait la séance autour du film de Darius Marder, Sound of Metal, organisée par le Théâtre et Cinéma George Simenon de Rosny-Sous-Bois, en partenariat avec Retour d’image. Une cinquantaine de spectateurs nous avaient rejoints.

La projection fut suivie d’une rencontre des plus passionnantes avec le concepteur sonore du film, Nicolas Becker. Elle était animée par Sébastien Picout, intervenant de Retour d’Image et Marion Ladet, responsable du cinéma. Cet événement s’inscrivait dans le cadre du Festival IMAGO.

Les spectateurs face à l’écran. Debout sur scène, et de gauche à droite :  Sébastien Picout, Julie Saidlitz (Interprète LSF) et Marion Ladet.

Les intervenants sont revenus sur la question de la surdité telle qu’elle est traitée dans le film, et plus particulièrement sur l’importance de Sound of Metal en termes de représentation d’un personnage qui perd l’audition. Selon Sébastien Picout, c’est l’un des premiers films à aborder la perte de l’audition de manière aussi juste.

Nicolas Becker a également pu présenter son parcours dans le domaine du son. Ayant débuté sa carrière comme bruiteur de films, il a ensuite eu l’occasion de développer une démarche sonore expérimentale et immersive, à travers de nombreux projets, tels que Gravity ou encore Océans, et bien sûr Sound of Metal, qu’il considère comme une expérience collective unique et des plus enrichissantes. À travers son parcours, il a abordé un rapport très intime au son :

« C’est performatif. C’est-à-dire qu’on est dans un studio, on refait tous les sons d’un film en regardant l’image. Le corps est impliqué. On a un rapport entre notre corps et le son qui est très fort et on vit cette sorte d’immersion avec le son. ». ─ Nicolas Becker

Sur scène, de gauche à droite, Julie Saidlitz (Interprète LSF), Nicolas Becker et Marion Ladet.

Parmi les autres thèmes abordés : l’utilisation du son comme véritable élément narratif de Sound of Metal.

« Souvent le son est fait trop tard, et il devient quelque chose d’assez superficiel, comme un joli papier peint. Là, le fait d’avoir pensé le son dès le départ, avant même le tournage, d’en avoir parlé, discuté avec le chef opérateur puis avec le monteur, fait que le son est devenu vraiment un élément narratif. » ─ Nicolas Becker

Nicolas Becker a mentionné plusieurs outils et effets utilisés pour renforcer la dimension immersive du film, tels que les chambres anéchoïques (chambres sourdes), les appareillages utilisés sur Riz Ahmed (l’acteur principal) pour simuler la surdité, le recours au silence non fabriqué (absence total de son sur la bande, très rare au cinéma). Il explique que même la conception des sous-titres a été pensée en rapport avec l’évolution du personnage. En effet, les sous-titres ne sont pas présents durant les premiers échanges en ASL montrés à l’écran. « Ils apparaissent au moment où Ruben apprend la langue des signes. Le sous-titrage est aussi utilisé comme un élément narratif de manière très subtile et intéressante. ».

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