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RUMBA

LE POINT DE VUE DE MATHILDE STENTELAIRE
étudiante en cinéma et lettres à Paris

Mathilde Stentelaire

Dans Rumba, chaque plan est unique et chaque plan existe à lui tout seul. Dans son entier. Le montage se fait à l’intérieur de l’image, bien plus qu’entre deux coupes.

Il faut lire le décor dans son entier et le temps est laissé au spectateur pour ce faire. Lorsque le cadre est trouvé, il ne bouge pratiquement plus jusqu’à la séquence suivante. Il nous est donc permis d’apprécier l’action du premier et de l’arrière-plan, simultanément et séparément.

Un film fixe, donc, une caméra quasi-immobile et des acteurs qui se déplacent au sein de l’espace cinématographique. Un film fait tout en largeur, sans resserrement du cadre. Pas de gros plan. Les émotions passent par le mouvement des corps, plus que par le visage.

Rumba, c’est surtout l’histoire de Fiona et de Dom, un couple de professeurs et danseurs. En rentrant d’une compétition cantonale et victorieuse, ils ont un accident et se retrouvent l’un sans mémoire, l’autre sans jambe. Il leur faut donc réapprendre à vivre, malgré tout. Apprendre à accepter leur nouvelle condition, la mobilité et la tête en moins. S’aimer différemment.

Ce qui est beau, c’est justement que la poésie de leur amour reste la même, assis ou debout. Le rythme de narration ne change pas entre les deux parties du scénario.

On rit toujours, sans pitié, parce que c’est drôle, tout simplement.

Le handicap devient comique, et pourquoi pas, beau. Touchant, mais pas bêtement.

Une scène en particulier me vient à l’esprit. Le couple est assis, dos à dos, sur le parc à vélo de l’école. Elle est sur son fauteuil, lui par terre. La musique commence, les personnages s’immobilisent. Au son de la rumba, leurs deux ombres prennent vie et se mettent à danser. Puis, elles regagnent leurs corps respectifs, et le temps reprend. Ils laissent leur ancienne vie : « Bon ! » disent-ils en conclusion. Bon, le deuil est fait et on poursuit comme on peut.

Rumba, c’est comme un Jacques Tati, en belge et récent. Ou comme un Benoit Délépine, en moins Angoumoisin. Ou comme un Pierre Desproges, on ose rire de tout, en plus cinématographique.

Étant moi même montée sur roulettes, et donc touchée a fortiori par le sujet, il se peut que le sujet me parle trois fois plus… Mais pas nécessairement. Pas besoin d’être handicapé pour comprendre les situations… Si ne pas marcher permet la comédie, alors tant mieux !

LA BANDE ANNONCE :