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The Hammer

Le point de vue d’Hélène Champroux, étudiante en cinéma

Ce long métrage encore inédit en France, très attendu par la communauté Sourde, est inspiré de l’histoire vraie de Matt Hamill, champion junior de lutte gréco-romaine.
The Hammer apporte un regard neuf sur la surdité en retraçant son parcours depuis son enfance dans le monde des entendants jusqu’à sa découverte de la communauté Sourde sur les campus.

Dès les premières images se posent les problèmes de communication que nous retrouverons tout au long du film. Après un test d’audition, le médecin annonce que Matt est sourd. Sous le choc, sa mère et son grand-père sont forcés de faire un choix : lui faire apprendre l’ASL (American Sign Language) ou le faire « oraliser ». C’est vers cette seconde possibilité qu’ils se tournent.

Sa jeunesse durant, Matt est donc bloqué dans un monde entendant où la communication est exclusivement orale. Son grand-père s’obstine à en faire un fils parfait qui parle bien. Russel Harvard, l’acteur sourd qui incarne Matt, interprète à merveille le malaise du personnage qui est forcé d’oraliser.

Dans une séquence du film, deux filles entendantes discutent tandis que Matt conduit ; l’une des deux profite de sa surdité pour parler dans son dos, sachant très bien qu’il ne peut pas comprendre. Plus tard, sa tentative d’emmener une fille entendante au bal de fin d’année du lycée se solde elle aussi par un échec.

C’est grâce à la lutte gréco-romaine que Matt va trouver la force de se battre. Devenu jeune homme, Matt assume sa différence d’identité face à son grand-père et affirme sa volonté d’être avec les sourds : il ne sera jamais comme un entendant. Et en effet, dès qu’il s’intègre dans la communauté sourde et apprend l’ASL, Matt s’épanouit. Les signes libèrent son expression.

Bien que tourné avec des plans typiquement hollywoodiens, le film parvient à nous emporter dans l’aventure de Matt et l’on vient à souhaiter qu’il remporte le championnat de lutte. De nombreux gros plans sont utilisés pour nous faire ressentir les émotions des personnages. Plus originaux sont les moments où Matt ferme les yeux avant un combat pour se couper de ce qui l’entoure afin de se concentrer sur la lutte. L’image nous montre seulement Matt sur fond noir, ou avec parfois son adversaire. Lors de la dernière scène de combat, Matt se concentre également sur ses souvenirs…

Je n’ai qu’une réserve à apporter à ce film : pour restituer la difficulté de Matt à comprendre ses interlocuteurs lorsqu’il lit sur leurs lèvres, le cinéaste a cru bon avoir recours à un sous-titrage où les mots incompris sont restitués par des barres. L’idée peut paraître bonne, mais il est toujours délicat de montrer ce qu’une personne sourde peut comprendre ou non. C’est une réalité très différente selon les individus, suivant leur degré d’audition, leur mode d’appareillage, leur perception auditive… De plus, une personne sourde peut savoir que quelqu’un parle dans son environnement sonore même s’il ne saisit pas les mots, comme c’est le cas dans la scène de la voiture avec les deux filles.

The Hammer reste cependant une vraie découverte qui nous permet d’entrer dans la peau de Matt Hamill et de partager ses interrogations. Un vrai combat de la vie, pas seulement sportif, mais aussi amoureux…

LA BANDE ANNONCE (VO sans sous-titres)


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