Un travail de transmission du cinéma a été mis en place dans deux classes élémentaires de l’école publique Edmond Bocquier (CM1, CM2) et une CLIS (Classe d’Intégration Scolaire) composée de 12 élèves : un atelier de programmation lié à un atelier de création d’affiches de cinéma, avec l’idée de faire se croiser les regards, les perceptions et les interrogations des élèves sur les films découverts puis sur ceux qui seront sélectionnés.

L’ATELIER PROGRAMMATION

Par Nadiah Meflah, déléguée artistique, chargée des actions éducatives

Durant trois jours (mardi 31 janvier, jeudi 2 et vendredi 3 février 2012) les élèves ont découvert les films proposés, puis discuté et imaginé à partir des films.

Le premier jour, c’est la découverte des films : huit courts et moyens métrages que j’avais amenés avec moi. Silence dans la salle de classe, les rideaux sont tirés et le vidéoprojecteur s’allume. Les murmures naissent, les regards pour certains s’éclairent… J’écoute, attentive. Quelque chose se passe…

Durant la projection certains élèves s’expriment, doucement. Je note les impressions premières, qui seront reprises et explicitées lors de la discussion sur les films.

« Elle est étrange… » Anna Lovenstein (Pauline Bureau, France, 2009, 8 min), un récit d’une petite fille blonde autiste, les touche.

Silly, dans La petite vendeuse de soleil (Djibril Diop Mambety, Sénégal, 1998, 45 min), emporte leur adhésion, et ce immédiatement. « C’est bien et triste à la fois. » 

Durant la projection de El Gran Zambini (Emilio Perez, Espagne, 2005, 14 min) une petite fille s’exclame : « Ils sont méchants, les garçons ! »

« Il est petit ! », chuchote un élève lors de la scène d’escalier à l’école (le père et le fils descendent les marches en silence). « Il a été cherché le drapeau ! »

La deuxième vie du sucrier (Didier Canaux, France, 2008, 12 min)  : « Je suis touché, il lui raconte une histoire avec des sons. » « Elle est malvoyante. » « Il est triste, ça doit être dur d’avoir une petite fille comme ça. » « Il prend des choses pour essayer de rendre sa petite fille heureuse. » « La fille, elle, écoute l’histoire. » « Il a l’air heureux de voir ce qu’il lui fait, il a le sourire. »

Cul de bouteille (Jean-Claude Rosec, France, 2010, 9 min). Un élève s’exclame avant que ce soit dit à l’image : « Oh l’extraterrestre ! »

Nielsen (Con Melhum, Norvège, 2005, 8 min) : « C’est triste… », « Il nous met dans la peau d’un sourd. »

Mon petit frère de la lune (Fréderic Philibert, France,  2007,  6 min) : « Oh c’est trop beau ! » Rires des élèves charmés…

Le directeur intervient, ému : « Ça me fait penser à un élève, Marin. » Certains élèves, les plus grands, s’en souviennent. « Marin avait de l’autisme. »

Le garçon qui voulait être un lion (Aloïs di Léo, Royaume Uni, 2010, 8 min) : « Oh il exagère ! » chuchote un élève lorsqu’il le voit fuguer. « Oh c’est pas possible ! »

A la suite de la projection, un échange a eu lieu avec les élèves. Puis nous avons procédé à un premier vote à main levée. A l’issue des votes, la discussion porte sur le choix de la programmation : La double vie du sucrier, Mon petit frère de la lune, La petite vendeuse de soleil, Cul de bouteille.

Deux élèves par film se sont proposés pour venir présenter leur programme à la classe de CM1, l’atelier affiche. Dix élèves ont ainsi présenté, oralement, leur sélection en donnant quelques arguments. A l’issue de chaque projection, un court dialogue entre les élèves de la classe programmation et la classe affiche.

L’ATELIER AFFICHE

Avec l’atelier affiche, les idées fusent. Certains élèves ont apporté des dessins qu’ils ont fait chez eux la veille. J’avais amené quelques affiches de cinéma (d’animation et de fiction jeune public) afin de les faire réfléchir sur les différents éléments visuels et informatifs.

Décision commune est prise de créer des affiches sur le thème du Festival Un Autre Regard, des affiches sur les films, une fresque et des folioscopes.

C’est le film Cul de bouteille qui m’avait amené à leur expliciter la persistance rétinienne, avec la scène où le train se transforme en dragon crachant le feu. Enthousiastes, les élèves se sont tous portés volontaires pour créer chacun son folioscope.

Lorsque la classe affiche de cinéma est venu expliciter leur choix d’affiche, les élèves de l’atelier de programmation se sont eux aussi portés volontaires pour créer des folioscopes…

Rendez-vous est pris la semaine du 7 mars 2012 pour continuer le travail avec l’atelier programmation et l’atelier affiche.

A la fois pour revoir les films sélectionnés, élaborer un regard critique avec rédaction du programme qui sera édité sur le site du festival et sur le blog de l’école (visuel, contenu, photos de l’atelier), préparer la présentation orale lors de la séance du vendredi 30 mars, et poursuivre la mise en route de la création des affiches et de la fresque.