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michel petrucciani

Posted By Matthieu On 10 mars 2012 @ 13 h 44 min In Actualités | No Comments

LE POINT DE VUE DE DIANE MAROGER, DIRECTRICE DU FESTIVAL

A propos de Michel Petrucciani [1], long métrage en compétition

Diane Maroger

A trois ans, Michel Petrucciani, dont le père est musicien, demande à sa mère un piano. Elle lui offre un jouet, mais un beau, dans lequel elle a mis toutes ses économies : un modèle réduit avec de vraies touches blanches et noires, qui produisent toutes les notes. L’enfant, furieux de ne pas être pris au sérieux dans ses intentions, se procure un marteau et réduit l’objet en miettes. C’est une des anecdotes phares du documentaire de Michael Radford, et certainement un acte fondateur et déjà représentatif de toutes les facettes du futur grand jazzman.

Ce film raconte l’intense histoire d’amour d’un homme avec la vie, plus encore que celle, puissante, qu’il entretint avec la musique. Il tisse, dans un montage d’archives tendu, à l’américaine, la biographie formellement classique, mais édifiante, d’un être profondément original et insouciant de l’avis des autres. Car dès qu’il avait un piano entre les mains, qu’importait le REGARD initial de quiconque sur sa petite taille ou ses déformations osseuse : Michel Petrucciani vous en mettait plein les oreilles et surtout, plein l’émotion. Une personnalité solaire qui s’exprimait par la musique, mais savait aussi charmer, sans cacher ses zones d’ombres.

Clark Terry témoigne de sa découverte du jeune pianiste quasi autodidacte – car il sortait rarement de la maison de ses parents avant l’adolescence et fut, de ce fait, privé de scolarité : « Il jouait à treize ans comme un vieux noir désabusé, perdu dans un piano-bar, quelque part, à Mexico. »

Michael Radford ne cesse de s’émerveiller du paradoxe de ce corps si fragile, réceptacle d’une telle puissance de vie. Il tente de nous en faire partager l’intensité en tressant force témoignages de proches – les ex-compagnes et épouses de Petrucciani notamment -, de nombreux extraits de concerts, et d’inénarrables entretiens et séquences « de vie », filmées à la faveur de différents reportages et films, du vivant de l’intéressé. Radford cherche par ailleurs longtemps, toujours à l’appui de témoins, l’explication « scientifique » de l’incroyable habileté technique du pianiste, car il semblerait à certains que la nature même des os de Petrucciani (atteint d’ostéogenèse imparfaite), avait conféré à sa main droite une dextérité exceptionnelle.

Le parti pris de Radford, que l’on peut probablement discuter, est d’attribuer une grande part du « génie » et du talent de ce musicien à son handicap. Peut-être, mais alors il s’agit avant tout d’un propulseur du désir de vie. Il m’est difficile de commenter ce point de vue, étant pour ma part également atteinte de la maladie des os de verre, et ayant pris le parti de ne pas en faire grand cas non plus. Reste que Radford a réalisé ce qui restera longtemps un précieux document sur la vie de l’artiste, qui se regarde avec grand plaisir et émotion.

NB : A Paris, ce film a été projeté uniquement dans des salles qui ne sont pas accessibles aux personnes en fauteuil roulant.

NB 2 : Un bel article de mélomane et des images du film [2]

LA BANDE ANNONCE

Pour aller plus loin

Site de l’Association de l’Ostéogenèse Imparfaite (AOI) [3]


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[2] Un bel article de mélomane et des images du film: http://jass-life.blogspot.com/

[3] Site de l’Association de l’Ostéogenèse Imparfaite (AOI): http://www.aoi.asso.fr/

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