- Festival Un Autre Regard - http://festivalunautreregard.com -

HASTA LA VISTA

Posted By Matthieu On 25 mars 2012 @ 13 h 39 min In Actualités | No Comments

LE POINT DE VUE DE STÉPHANE RASTELLO
journaliste de cinéma et travailleur social

A propos de Hasta la vista [1] de Geoffrey Enthoven, long métrage en compétition

Stéphane Rastello

Tout le propos du film tient dans sa première séquence. Elle débute par un gros plan de deux paires de jambes qui courent sur du sable. Puis la contre-plongée montre que ces jambes font tressauter des poitrines opulentes car féminines, mises en valeur par des décolletés généreux.

Philip les observe avec toute l’attention d’un jeune mâle. Mais il n’est pas sûr de pouvoir faire autre chose. Les regards que lui lancent les jeunes filles quand elles arrivent à sa hauteur sont explicites. On n’y lit pas de la réprobation. C’est autre chose, peut-être pire : de l’étonnement, mêlé de gêne. Car Philip sait qu’il ne courra plus jamais : il est myopathe, en fauteuil électrique. Mais il entend bien, un jour, serrer un corps de femme contre lui et faire l’amour.


Hasta la vista © Les Film 13 

Comment ? En se rendant dans un bordel spécialisé pour handicapés. Seul problème : Philip est flamand, habite la Belgique et le bordel est en Espagne. Qu’à cela ne tienne, il va partir en vacances avec ses amis Lars et Jozef. Qui sont respectivement atteint d’une tumeur ayant entraîné une paraplégie et de cécité !

Par le thème, on se retrouve quelque part entre Aaltra (Benoît Delépine et Gustave Kervern, 2003) et Nationale 7 (Jean-Pierre Sinapi, 2000), deux films au catalogue de l’association Retour d’image. Le comité de sélection ne pouvait qu’être séduit par Hasta la Vista, d’autant que, fait rare, il s’agit d’une œuvre mettant en scène deux types de handicaps. Et le scénario ne se prive pas d’en jouer avec subtilité comme ressort comique.

Car il s’agit d’un film populaire, au bon sens du terme, où l’humour n’exclut pas la gravité, en traitant un sujet encore relativement tabou. Ainsi les difficultés liées au handicap ne sont pas éludées. A commencer par le poids de la famille : nos trois lascars ont beau être majeurs, ils vivent encore chez leurs parents, déficiences obligent. Et ils sont surprotégés par trois tonnes d’amour parental et de bonne volonté paralysante.

L’acte sexuel, et sa quête, sont ainsi compris également comme acte d’émancipation et d’entrée dans la vie d’adulte. Et dans ce sens-là, il revêt une importance beaucoup plus vitale que le simple fait de, comme on dit trivialement, tirer son coup. Car la sexualité est ici abordée exclusivement du point de vue masculin, voire machiste.

Et c’est peut-être à mes yeux de féministe handicapé, le seul reproche que je ferai à Hasta la vista : se cantonner à la sexualité masculine, avec certains clichés afférents, dans lesquels tous les hommes ne se retrouvent pas. Or, les femmes handicapées ont elles aussi des désirs et des besoins. Nationale 7, partant lui aussi d’un point de vue masculin,  avait trouvé le moyen de le dire, quelques années avant qu’on se mette à parler d’assistance sexuelle.

LA BANDE ANNONCE :


Article printed from Festival Un Autre Regard: http://festivalunautreregard.com

URL to article: http://festivalunautreregard.com/hasta-la-vista/

URLs in this post:

[1] Hasta la vista: http://festivalunautreregard.com/wp-content/uploads/2012/01/Hasta-la-vista-Fiche.pdf

Copyright © 2012 Festival Un Autre Regard. All rights reserved.