Crip Camp : la révolution des éclopés

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Crip Camp : la révolution des éclopés (Titre original : Crip Camp : A Disability Revolution) de Nicole Newnham et James Lebrecht
Documentaire (États-Unis, 2020, durée : 1h48)

Le « Crip Camp » en question, c’est le camp Jened, un camp de vacances destiné aux jeunes en situation de handicap, ouvert de 1951 à 1977, non loin de Woodstock. Dans sa première partie, le film présente des images d’archives sur le quotidien de cette colonie de vacances : non seulement l’apprentissage de la vie en communauté mais surtout des échanges vifs et sincères entre jeunes, notamment sur les difficultés en dehors du camp… Jened devient progressivement un lieu d’émancipation, de construction de l’estime de soi, un lieu d’inspiration pour ceux qui en témoignent. Parmi eux, certains deviennent des acteur·trice·s emblématiques du disability rights movement. Le film propose de suivre leurs trajectoires de militants dans les années 70-80, leurs engagements individuels et collectifs pour la reconnaissance de leurs droits et pour l’application des lois jusqu’au changement de leur quotidien.

Photo extraite de « Crip Camp » : Sur la chaussée, une femme soutenue par deux cannes. Son tee-shirt porte le pictogramme « personne à mobilité réduite » avec un poing fermé au centre de la roue. Derrière elle, des passants et des voitures à l’arrêt.

Manifestations, conférences, grèves de la faim… Un combat de longue haleine, qui à une étape du film, rejoint également les différents mouvements de lutte contre les discriminations et en faveur de l’égalité.

Ce documentaire est constitué d’archives filmées et enregistrées entre 1970 et 1990, tant personnelles, qu’associatives et journalistiques, qui font la grande richesse du projet.

Primé au festival du film de Sundance, produit par le couple Obama, un film à l’énergie communicative et un combat inspirant !

Bande-annonce VO

Bande-annonce VO avec audiodescription

Photo extraite du film : Denise Sherer Jacobson et Jim Lebrecht, assis dans leur fauteuil rouant. Derrière eux, un terrain rasé et une tractopelle. Au loin, des arbres aux couleurs automnales.

L’avis de Tatiana Lujic, membre du groupe de visionnage

À « Crip Camp », des personnes aux handicaps et aux origines sociales très diverses se sont côtoyées. De cette mixité d’éclopés est née le combat pour la reconnaissance des droits des personnes en situation de handicap aux USA, mené par les handicapés eux-mêmes.  Drôle, parfois cru, mais toujours bienveillant, ce documentaire porte plus loin que l’espoir. Il prouve la réussite de l’acceptation du handicap au sein de la société grâce à la force combative des femmes et des hommes concernés. Ce film a sa place dans le catalogue de Retour d’image, dans la mesure où il apporte une vision positive et combattante sur le handicap et sur le droit de participer pleinement à la vie politique et sociale.

« Crip Camp », c’est le thème du dépassement du handicap, mais pas seulement au niveau individuel puisqu’il montre ce combat jusqu’au niveau collectif. Le film débute par des témoignages et des ressentis individuels pour, au fur et à mesure, traiter du combat d’un groupe, d’une communauté. Il y a des figures majeures très intéressantes et très attachantes. Mais le documentaire donne la parole à l’ensemble de ces figures, personne n’est oublié.

L’ambition du documentaire est de montrer les choses telles quelles, sans artifice. C’est un film militant pour le droit, les devoirs et l’insertion des personnes handicapées. Le droit constitutionnel américain fait aussi partie du droit de n’importe quelle personne, qu’elle soit valide ou handicapées. Le titre est d’ailleurs très fort, sans langue de bois. Il part d’une connotation négative, mais le documentaire dans son intégralité, est en réalité très positif

Judith Heumann
Photo extraite du film : Derrière un micro, Judith Heumann, arborant un badge « Sign 504 ».

Un ciné-débat inclusif le 27 janvier 2022

Retour d’image a organisé une séance autour de « Crip Camp », le jeudi 27 janvier au Cinéma Le Méliès de Montreuil.
Le film a été présenté en version française audiodécrite et sous-titrée.

Présentée et animée par Stéphane Rastello, intervenant de Retour d’image et sélectionneur au Festival Corsica.Doc, la rencontre après le film a réuni :

Élisabeth Auerbacher, avocate honoraire, cofondatrice du premier collectif de réflexion et d’action sur le handicap “Comité de lutte des handicapés” en 1973, dont le journal fut Handicapés méchants ;
Maya Legrain du Collectif Les Dévalideuses ;
Jean-Luc Simon, cofondateur du GFPH (Groupement Français des Personnes Handicapées), secrétaire de l’OMPH/DPI (Organisation Mondiale des Personnes Handicapées), et membre du CNCPH (Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées).

Les invité·e·s sont revenue avec nous sur l’influence que ce mouvement a joué, et sur l’inspiration qu’il représente encore aujourd’hui dans leurs actions militantes.

Cliquez ici pour accéder au retour de séance « Crip Camp »

Le site du film : www.cripcamp.com

Dossier pédagogique en anglais Changing the Narrative of Disability in Documentary Film: A Toolkit for Inclusion & Accessibility (pdf, 4,04 Mo)

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