« Marie Heurtin » de Jean-Pierre Améris

Marie Heurtin, un film de Jean-Pierre Améris, Biopic, France, 1h35, 2014. Versions audiodescrites et VFST.
Avec Isabelle Carré, Ariana Rivoire, Brigitte Catillon…

Marie Heurtin communique avec ses mains avec soeur Marguerite.Résumé : Marie Heurtin est une jeune fille de 14 ans, née sourde et aveugle à la fin du 19ème siècle. Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre à la faire interner dans un asile. Il se rend à l’institut de Larnay, où des religieuses proposent un éducation à des jeunes filles sourdes. Un film inspiré de faits réels.

 

élément séparateurUn film tout à fait sincère, et très respectueux de son sujet et de ses personnages. Marie Heurtin est un beau film sur le besoin de communiquer, sur les moyens que trouvent toujours les êtres humains pour se parler les uns aux autres. Il est assez émouvant de voir la jeune Marie découvrir le sens du langage et d’assister à son ouverture au monde et à autrui. Comme il s’agit de la part la plus intéressante du récit, on regrette un peu que le scénario ne s’attarde pas plus sur les séances d’apprentissage du langage. La scène où Marie fait pour la première fois le lien avec le mot et la chose (avec un couteau) est tout de même assez  mémorable.

Sur le plan de la mise en scène, le réalisateur cherche à faire ressortir le monde intérieur sensoriel de son héroïne, ce qui est un challenge dans la mesure où celle-ci ne possède pas les deux sens propres au cinéma.

Il y a une recherche de mise en scène « sensorielle », même si elle reste dans un cadre assez académique. Le film dégage un peu trop de joliesse, il ne me semble pas assez âpre, trop consensuel, et présente le quotidien de cet institut de manière un peu idyllique.

Formellement, le réalisateur use de trop de lourdeurs: une voix off explicative, ainsi qu’une musique lyrique un peu insistante.

Mais Marie Heurtin reste un film touchant, avec de nombreuses séquences qui distillent une véritable émotion (les retrouvailles de Marie quand son « institutrice » tombe malade).

A noter également la volonté inclusive du réalisateur qui a décidé de sous-titrer son film sur toutes les copies et de l’audiodécrire dans toutes les salles équipées.

(Anna M.)

élément séparateurLe sujet du film Marie Heurtin est intéressant surtout parce que ce dernier est inspiré d’une histoire vraie. Néanmoins, j’ai été assez déçue du point de vue artistique et du point de vue de la réalisation. De plus, il ne m’a pas vraiment touché et je l’ai trouvé beaucoup trop sentimentaliste. Enfin, ce film est à mon sens une pâle copie de Miracle en Alabama, donc pas vraiment original.

Cependant, c’est un film « grand public » qui parle du handicap et qui met en scène la langue des signes de façon assez ludique. Surtout je pense qu’il est important de défendre un film qui, pour la première fois, propose sa diffusion en VFST dans tous les cinémas et à toutes les séances.

(Pauline C.)

 

L’AVIS DES INTERNAUTES

 

Un film magnifique et très émouvant vu au cinéma Katorza de Nantes. Le metteur en scène, Jean-Pierre Améris, est très intéressant pendant le débat (quelqu’un de très bien, ouvert et souriant). Il sait faire couler nos larmes. (…) il a été très impressionné par l’Histoire d’Helen Keller.
Il retrouve Isabelle Carré pour ce film.  Elle n’a jamais semblé si lumineuse. Elle nous montre fort bien l’expressivité naturelle, la puissance et l’émotion. Jean-Pierre choisit une jeune actrice sourde, Ariane Rivoire pour favoriser son comportement dynamique et sauvage. Elle est magnifique d’énergie et d’une incroyable présence. Elle incarne impeccablement une jeune fille sourde aveugle sauvageonne. Brigitte Catillon (La Mère Supérieure) est un personnage à la fois fort de caractère et souple. Dans la scène où Marie comprend que le geste des mains mimant le geste de couper désigne le couteau, la réaction de Mère Supérieure est incroyablement bouleversant. Noémie, jouée par une actrice sourde (l’amie fidèle de Soeur Sainte-Marguerite) joue également très bien, elle m’a touché et m’a fait rire.
La petite Marie a vécu dans un monde étranger comme dans l‘Enfant sauvage de François Truffaut. Soeur Marguerite a rencontré une fille toute petite, toute fragile, tout emprisonnée. (…) elle est très attachée à Marie.
Quant au film, le récit parle aussi de l’amitié amoureuse entre Marie Heurtin et Soeur Marguerite : cette relation entre Soeur à laquelle sa condition interdit d’avoir des enfants, et cette petite fille sauvageonne qui va devenir comme sa propre fille, comme l’histoire d’Helen Keller. C’est aussi le combat de Soeur Marguerite de lutter contre les préjugés en prouvant sa foi. Améris fait un vrai travail sur l’esthétique de son film (trilogie cinématographique: bleu, vert, blanc). Pas seulement pour le plaisir du spectateur mais pour lui faire ressentir quelque chose au niveau de ses sens, chose très importante dans cette histoire. C’est un vrai travail sur l’image qui évoque aussi certains films de Jane Campion (Bright Star, Un ange à ma table). Léger, émouvant, éblouissant jusqu’à une scène finale de toute beauté, Marie Heurtin est l’un des grands films français de cette fin d’année!

Lucie ARNAUD, de Nantes

 

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